Mercredi dernier, un groupe d’officiers militaires a pris le pouvoir au Gabon. Le coup d’État a eu lieu en protestation contre les résultats officiels des élections, qui montraient que le président Ali Bongo, soutenu par la France, avait de nouveau remporté les élections.
Ali Bongo est le fils de l’ancien président Omar Bongo, arrivé au pouvoir dans cet État riche en pétrole d’Afrique centrale en 1967. À la mort d’Omar Bongo en 2009, Ali Bongo devient président.
Omar et Ali Bongo était étroitement allié à la fois à l’ancienne puissance coloniale, la France, et aux États-Unis, mais Ali Bongo s’est également tourné vers l’Est. L’année dernière, Ali Bongo a rendu visite à Joe Biden à la Maison Blanche et plus tôt cette année à Xi Jinping au Grand Palais du Peuple à Pékin – il est désormais assigné à résidence dans sa propre résidence.
Dans une vidéo de sa captivité, Ali Bongo appelle à « faire du bruit » pour sa liberté. Mais comme le note al-Jazeera, les habitants de la capitale sont descendus dans la rue et ont chanté l’hymne national – bien qu’en hommage aux putschistes et pour célébrer le renversement du président.
Le vieux maître colonial La France a condamné le coup d’État, tout comme la Grande-Bretagne et les États-Unis, entre autres. Le ministre des Affaires étrangères de l’UE, Josep Borrell, s’est montré plus réservé et n’a pas voulu comparer le coup d’État avec celui du Niger il y a un mois.
Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a appelé au calme et au dialogue entre les parties ainsi qu’à une solution pacifique à la crise.
La France compte environ 400 militaires au Gabon pour protéger les intérêts français dans les industries minières et pétrolières. Plus de 80 entreprises françaises sont implantées dans le pays, deuxième producteur mondial de manganèse, utilisé dans la fabrication des voitures électriques.
Cependant, le plus grand partenaire commercial du Gabon est la Chine, qui à la fois achète du pétrole au Gabon et a simultanément investi dans une transformation verte de l’économie dépendante du pétrole. Le Gabon fait également partie du projet géant chinois BRI, la Nouvelle Route de la Soie.
Génial malgré le Gabon Les réserves de pétrole, la population est pauvre et le chômage est élevé, tandis que la famille présidentielle s’est enrichie. Il y a quinze ans, la police française découvrait lors d’une enquête pour corruption que la famille Bongo possédait 39 propriétés en France et disposait de 70 comptes bancaires.
Ali Bongo aurait, entre autres, importé de la neige artificielle pour les célébrations de Noël dans le palais présidentiel de la capitale Libreville, située presque exactement sur l’équateur et où la température moyenne est d’environ 26 degrés.
Le coup d’État militaire est juste la dernière d’une série d’anciennes colonies françaises. Le 26 juillet, un groupe de soldats de la Garde présidentielle nigériane a pris le pouvoir en renversant le président pro-français Mohamed Bazoum, à la suite des tentatives de coup d’État au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Tchad ces dernières années.
« C’est une sorte de coup d’État qu’il faut soutenir, qui met fin au viol d’une nation », explique Daniel Mengara, auteur né au Gabon mais basé à New York, à Democracy Now à propos de ce qui s’est passé dans son pays d’origine.
Dans le même programme Le journaliste français Thomas Deltombe estime que l’indépendance des anciennes colonies vis-à-vis de la France n’a jamais été achevée, mais qu’elle a été suivie d’une relation néocoloniale.
– Je pense qu’on pourrait assister à un deuxième processus d’indépendance, un nouveau processus de décolonisation, dit Thomas Deltombe, éditeur du livre L’empire qui ne veut pas mourir – Une histoire de France (L’Empire qui refusait de mourir – Une histoire de la Françafrique).
La junte militaire du Gabon a nommé le général Oligui Nguema à la tête du pays par intérim.
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