Pour ceux qui s’imaginaient que ce parti, malgré son obsession de la sécurité sociale et de l’assurance maladie, était une sorte de parti de droite au sens de classe, la preuve du contraire est on ne peut plus claire. Cela prive littéralement la classe supérieure de dîner.
Non seulement cela, soit dit en passant : de tous les marqueurs de classe que les démocrates suédois pourraient utiliser, celui-ci est le plus étendu. Une interdiction ne concerne pas seulement les traditionnels mangeurs de foie gras de la classe supérieure. Ça donne aussi la chair de poule à gauche, ces marxistes culturels avec leur addiction malsaine au gaulois.
« Foie gras », rien que le nom…
Cela touche même la partie la plus prudente de la classe moyenne, qui a réalisé il y a quelques années qu’en mangeant des graisses et en supprimant les glucides, ils devenaient de plus en plus minces. Il y a quelque chose de profondément anti-suédois et impopulaire dans les corps maigres LCHF de cette classe sociale. Presque quelque chose de traître. Qu’est-ce qui ne va pas exactement avec la saucisse?
Les démocrates suédois sont à peine invités dans les salons qu’ils se rendent de nouveau impossibles.
En d’autres termes, les démocrates suédois ont réussi à trouver le problème qui réunit tous leurs principaux adversaires sur la même page. C’est une ouverture audacieuse et offensive dans la nouvelle lutte des classes. La ligne de bataille traverse les documents gouvernementaux. Parmi les partis au pouvoir, seuls les chrétiens-démocrates peuvent probablement mener une vie sans foie gras.
Mais aucune stratégie politique, aussi brillante soit-elle, n’est sans risque.
J’ai eu une fois un patron qui commençait son acte politique au conseil municipal par la phrase « Le conseil municipal social-démocrate qui, comme Hitler, est végétarien… ».
Le problème en question n’avait rien à voir avec les régimes ou le nazisme, mais mon patron a reconnu à quel point la culpabilité par association peut être efficace. Et les quatre démocrates suédois, qui remplissent leur candidature de formulations d’une sensibilité indignée en faveur des pauvres oies forcées, y vivent dangereusement.
Les lois sur la protection des animaux du Troisième Reich étaient notoirement strictes et en avance sur leur temps. Même les poissons seraient étourdis avant d’être euthanasiés, et quiconque torture inutilement des vers de terre pourrait en fait se retrouver dans un camp de concentration. Les animaux n’étaient pas autorisés à être utilisés dans des films ou des divertissements si cela pouvait leur causer de l’inconfort. Les crabes et les homards n’étaient pas autorisés à être cuits. De nombreux dirigeants nazis détestaient la chasse et Hitler n’était pas le seul à être végétarien. Et, bien sûr, le gavage des oies était strictement interdit.
Bien sûr, cela n’a rien à voir avec la tendresse des démocrates suédois pour les oies françaises. Vous pouvez protéger les animaux sans être un nazi. Vous voudrez peut-être protéger les animaux sans négliger les gens. Mais maintenant, nous nous occupons réellement de politique. Dans ce métier, les objections de cette nature sont subordonnées à l’objectif primordial : déjouer leurs adversaires.
Il est donc déjà tout à fait clair quelle sera la prochaine étape de cette vaste lutte de classe.
Une fois le foie gras parti, le stand LCHF et la classe supérieure ont parlé, le vieux gribouillis brun honorable recommence. Les démocrates suédois sont à peine invités dans les salons qu’ils se rendent de nouveau impossibles.
Même les libéraux sont d’accord avec des politiques d’immigration strictes, mais ce gouvernement peut-il gérer une crise du foie gras nazie?
Je doute.
Johan Hakelius est rédacteur en chef politique du magazine d’information Focus et chroniqueur à l’Expressen depuis 2016.
« Passionné d’Internet typique. Ninja des médias sociaux. Penseur. Défenseur des zombies. Spécialiste du bacon. »