La nouvelle est tombée en juillet dernier. La police française est devenue méfiante lorsqu’elle a retrouvé le même type de téléphone lors de raids sur des criminels. Ils ont réussi à casser le service de cryptage Encrochat sur les téléphones et cela a envoyé des ondes de choc à travers le réseau du crime organisé européen avec 800 arrestations.
Le maintien de l’ordre a conduit à l’arrêt des homicides, au détournement des programmes de découverte de drogues et à la redistribution des réseaux de drogue avec d’énormes saisies de cocaïne. 70 000 personnes ont utilisé Encrochat. Les enquêtes se sont poursuivies et ont également conduit à des procès en Suède. Le correspondant juridique Martin Untersinger du journal Le Monde en France couvre la question.
– Les enquêteurs de la police française étaient très heureux et satisfaits d’avoir reçu autant d’informations sur Encrochat, raconte le journaliste du Monde. Une soixantaine de policiers français ont travaillé sur l’opération.
La police a eu accès aux photos, des messages et des informations de localisation via les téléphones cryptés. C’est incroyable, un accès non filtré aux réseaux criminels, dit le journaliste.
– L’opération menée par les gendarmes de la police a été extrêmement discrète et sensible. Les détails exacts de la façon dont la lecture des données secrètes a eu lieu sont secrets. Ils sont protégés par le secret défense français, un peu comme l’espionnage, explique le journaliste du Monde Martin Untersinger.
Les gendarmes en France sont des policiers qui ont également des pouvoirs militaires. La France était au centre de l’enquête car les serveurs s’y trouvaient. La lecture des données a été approuvée et examinée par divers juges. Le journaliste français Vincent Gautronneau souligne dans le journal Le Parisien, qui relate également l’histoire d’Encrochat, que la police ne peut pas décider par elle-même.
Il insiste également sur le secret défense. Gautronneau décrit les réactions en France.
– Les Français savaient que c’était une opération de police professionnelle avec des infiltrations et un travail technique compliqué, mais il nous a fallu du temps pour voir l’impact ici en France, dit-il.
Beaucoup de choses ont changé ces derniers mois en France avec une série d’enquêtes sur le trafic de drogue, selon Gautronneau. Mais c’est surtout aux Pays-Bas et au Royaume-Uni que les premiers résultats ont pu être observés. La police française a très tôt coopéré avec la police néerlandaise.
Un film d’une opération de police aux Pays-Bas montre comment une force de police pénètre dans un bâtiment. Dans un conteneur insonorisé appartenant à des criminels, la police a découvert une sorte de chambre de torture avec une chaise de dentiste. Il y avait aussi divers outils et armes.
Vincent Gautronnau donne un autre exemple de ce à quoi la lecture en Belgique a abouti. En novembre, grâce à des informations de la police française, la police belge a pu saisir onze tonnes de cocaïne d’une valeur de plusieurs milliards d’euros dans le port d’Anvers. Un coup dur pour les passeurs, estime le journaliste judiciaire du Parisien.
– Les Français sont souvent fiers de la police et de ce genre d’opération, explique Vincent Gautronneau. Un autre exemple est l’action de la police lors de l’attentat terroriste contre la salle de concert du Bataclan, lorsque la police a été accueillie par des applaudissements dans les rues.
– Mais maintenant la relation est plus compliquée, explique Vincent Gautronneau du Parisien. Les manifestations de gilets jaunes avec affrontements se sont davantage concentrées sur les violences policières, dit-il. Il existe également des tensions de longue date entre la police et les habitants des zones vulnérables. Mais il y a une grande confiance dans la police judiciaire et les enquêteurs en France, souligne-t-il.
DANS En France, il est courant que les policiers utilise l’interception de données et les écoutes téléphoniques pour enquêter sur le crime organisé. En Suède, les avocats remettent en question la validité de la preuve et si elle était légale lors de la lecture d’Encrochat. L’organisation européenne de coopération judiciaire en matière pénale, Eurojust, a décrit les tribunaux et les juridictions utilisées et a réfuté les allégations selon lesquelles la police française n’aurait pas respecté la loi.
Des critiques similaires à celles de la Suède émanent d’avocats de la défense pénale d’autres pays européens. En France aussi, même s’il ne s’agit que d’un petit débat, explique le journaliste juridique Martin Untersinger au Monde. Les avocats veulent en savoir plus sur le déroulement du travail de la police et tentent de réfuter les preuves.
– Parce que l’opération est unique en son genre, elle soulève des questions juridiques quant à savoir si la police a procédé à un piratage légal ou illégal. Ce sera intéressant à suivre. La question est aussi de savoir quelles conséquences pourrait avoir en France le traitement de preuves provenant d’autres pays, estime le journaliste.
– Il faudra peut-être quelques années avant qu’il y ait des affaires judiciaires en France. La justice prend ici beaucoup de temps, raconte Vincent Gautronneau du Parisien.
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