« Le pavillon russe de la Biennale de Venise est vide »

Il est particulièrement clair que deux nations européennes sont en guerre car une grande partie de la Biennale tourne autour des États-nations. C’est ce qu’on appelle communément les Jeux olympiques de l’art : les pays ont leurs pavillons auxquels ils envoient l’art qu’ils veulent montrer, puis ils doivent s’affronter.

Mais maintenant, le pavillon russe est vide. Les artistes qui voulaient y exposer ont estimé qu’ils ne pouvaient pas le faire pendant la guerre. Et l’exposition de l’Ukraine est ce dont la plupart des gens parlent.

Maintenant, la guerre à part entière est arrivée de manière inattendue et rapide, mais un certain nombre de pavillons avaient déjà décidé d’examiner de manière critique l’État-nation.

Le pavillon nordique, où vivent normalement la Finlande, la Norvège et la Suède, est devenu cette année le pavillon sami.

Trois artistes – Maret Anne Sara, Anders Sunna et Paulina Feodoroff – défendent leur point de vue Sami. Anders Sunna le fait en montrant une série de tableaux qui racontent sa lutte de 50 ans avec sa famille contre l’État suédois.

L’installation de Maret Anna Sara avec la peau de renne et les corps des veaux de rennes sont comme des symboles de renaissance.

Dans le pavillon français, vous trouverez pour la première fois un artiste d’origine algérienne.

Zineb Sedira a créé une série d’espaces de cinéma et de performance où la nation française rencontre et se heurte à la culture algérienne.

Les Polonais, à leur tour, ont choisi une artiste rom, Małgorzata Mirga-Tas. Elle a créé douze tableaux tissés inspirés de fresques italiennes, représentant chacun un mois de la vie et du quotidien d’une famille rom polonaise. Pas aussi ouvertement critiques que les expositions sami et française, mais ensemble, elles ont une présence énorme.

De plus, par exemple, la Grande-Bretagne et les États-Unis sont représentés pour la première fois par un artiste noir et le Canada par un artiste noir.

Donc, à bien des égards, c’est toujours l’arène artistique des nations. Mais pas là où ils rivalisent fièrement les uns contre les autres, mais là où ils sont scrutés et épinglés par les minorités.

Marin Jordan

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