La soirée française offre poésie onirique et génie technique – Hufvudstadsbladet

La nouvelle Soirée française du Ballet National emmène le public dans deux univers bien différents qui allient légèreté, élégance, sensualité et brio technique. Surtout, la soirée montre à quel point l’entreprise a atteint un haut niveau.

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Photo : Mirka Kleemola

Faits

BALLET

soirée française

Pneuma

Chorégraphie : Carolyn Carlson. Musique : Gavin Bryars. Musique électroacoustique Philip Jeck. Scénographie et planification lumière : Rémi Nicolas.

Suite en blanc

Chorégraphie : Serge Lifar. Musique : Édouard Lalo. Costumes : d’après Maurice Moulène. Conception lumière : François Saint-Cyr.

Ballet national finlandais. L’Orchestre du Ballet National. Première au Ballet national finlandais le 28 septembre 2018.

Une femme vêtue de noir, aux longs cheveux flottants, est caressée par un éventail qui la suit dans sa danse tournoyante. Au fond de la scène, bordé d’un rideau transparent comme pour marquer deux mondes, un ange noir de la mort à dos de vache se déplace au ralenti. Il symbolise un mauvais présage, une obscurité toujours menaçante. Tandis que les paires opposées glissent Terhi Talo comme une nymphe vêtue de blanc, avec une perruque blanche, des chaussures compensées transparentes et un bâton. Il y a quelque chose d’absurde chez elle ; elle mime et murmure des mots inaudibles aux oreilles des hommes, même si elle a du pouvoir. En arrière-plan, on aperçoit également l’arbre de vie, suspendu fragilement à deux fils fins entre ciel et terre.

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Carolyn Carlson Pneuma est comme une œuvre d’art moderne et vivante – abstraite, puissante, onirique, comme une existence entre deux dimensions différentes. L’œuvre a été créée en 2014 pour le Ballet de l’Opéra de Bordeaux et est présentée pour la première fois en Finlande.

Pneuma, qui signifiait dans la Grèce antique souffle, esprit ou âme, met également en lumière l’inspiration littéraire de Carlson : le philosophe français Gaston Bachelard Livre: Air et rêves : essai sur l’imagination d’un mouvement. Le Pneuma de Carlson s’apparente à une poésie physique créée au début des temps mais ancrée dans le présent. Il y a une légère légèreté dans Pneuma qui semble presque émouvante. L’œuvre est pleine de symbolisme, chaque détail semblant important.

Légende vivante

L’ensemble du ballet tourne autour du thème de vivre, bouger et activer le corps humain au contact de son environnement. Le noir et le blanc symbolisent également le dualisme entre rêve et réalité, esprit et matière, éternité et présent. Gavin Bryars La musique de film est une combinaison de musique symphonique et d’un monde sonore électronique.

Carlson, d’origine américaine, est l’une des légendes vivantes du monde de la danse. Elle a créé plus d’une centaine d’œuvres, dont plusieurs ont déjà été exposées en Finlande.

Son langage gestuel est ondoyant, lyrique et ingénieux. Plusieurs belles images s’impriment dans la mémoire, par exemple lorsque Atte Kilpinen en costumes blancs, marchant dans les airs sur un mur d’armes et en danseurs dans leurs longues robes blanches et transparentes, presque comme en transe, tourbillonnant comme des taches solaires en mouvement constant. L’ensemble du groupe livre une interprétation forte, mais à laquelle je suis particulièrement attaché. Emilia Steviks belle présence scénique. Pneuma est une œuvre puissante avec beaucoup à explorer, mais la fin semble longue et la chorégraphie aurait gagné à raccourcir les 20 dernières minutes.

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Photo : Mirka Kleemola

Un feu d’artifice dansant

Là où Carlson nous laisse philosopher dans un monde onirique, le Hongrois d’origine propose Serge Lifar un délicieux dessert sous forme de feu d’artifice dansant. Suite en Blanccréé en 1943 à l’Opéra de Paris, où Lifar lui-même travaillait comme metteur en scène, chorégraphe et danseur, ressemble à un seul et long numéro de coda dans lequel des pièces techniques et virtuoses se succèdent.

Suite en Blanc n’est pas sans rappeler cela études du danois Harald Landerégalement un ballet en un acte des années 1940.

La musique vient de Édouard Lalos Namounaun ballet éphémère de Marius Petipa de 1882. La musique est pompeuse, mais contient aussi une atmosphère picotante et sensuelle. Le rideau monte (et descend) avec une photo de l’ensemble des 37 danseurs dans des poses élégantes. Lifar lui-même a défini le style comme néoclassique, évident dans une utilisation plus libre du vocabulaire classique avec des bras sensuels, des torses tordus et des points d’équilibre étirés.

Le plus célèbre est le numéro solo La cigarette qui est interprété ici avec élégance et sensualité Yimeng Soleil. Elle est comme la fumée de cigarette éthérée, mais il lui manque l’interprétation séduisante de femme fatale qu’exige le numéro. Rébecca Roi en tant que soliste dans Pas de Cinq épate le public avec ses doubles fouettés, son charisme et sa virtuosité, tandis que les sauts vertigineux de ses quatre collègues masculins défient les lois de la gravité.

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Suite en Blanc est une chorégraphie extrêmement difficile qui requiert un brio technique de la part du corps et des solistes. Seules les meilleures entreprises osent se lancer dans cette tâche. Eun Ji Ha est son joyau avec son solo de flûte sophistiqué et élégant. Le tutus blanc sur fond noir demande une propreté irréprochable, mais les danseurs du Ballet national présentent de petits défauts, même s’ils frôlent assez la perfection.

Suite en Blanc faisait partie du répertoire du Ballet National dans les années 1960 et c’est une joie qu’elle fasse aujourd’hui son retour.

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Photo : Mirka Kleemola

Joël Reyer

"Pionnier de la cuisine. Expert de la culture pop. Passionné de réseaux sociaux. Évangéliste de la musique."

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