Comment fonctionne l’influence de la Russie Invasion de l’Ukraine Coopération autour d’Iter ? Lorsque j’appelle le contact presse du grand projet de fusion dans le sud de la France, je comprends immédiatement au ton que j’ai posé une question sensible.

Cela devient une conversation sinueuse dans laquelle j’entends de petites anecdotes de la vie quotidienne autour de Cadarache, où se construit le réacteur à fusion Iter. Bien sûr, les gens là-bas sont tout aussi déchirés par la guerre que nous le sommes ici. Des réfugiés d’Ukraine sont arrivés dans la région et le personnel d’Iter est impliqué dans l’accueil des réfugiés. Un employé vient d’Ukraine et s’est porté volontaire comme interprète.

Il y a aussi des scientifiques russes sur place en France qui, comme tous les autres collaborateurs, n’ont rien à voir avec l’invasion. Certains sont des collègues de longue date.

– Ce sont des amis chers, des gens précieux, dit Sabina Griffith du service communication d’Iter, un peu sur la défensive.

Elle raconte l’histoire d’une équipe de tournage venue tourner un film d’information commandé par la Commission européenne. C’était juste après le début de la guerre et ils voulaient annuler leur entretien avec un expert russe. C’est devenu une situation assez tendue, mais la réponse de la direction d’Iter a été claire : soit vous faites les interviews comme prévu, soit vous ne filmez pas du tout. L’organisation ne peut pas soudainement commencer à discriminer les gens en raison de la nationalité inscrite sur leur passeport.

Bien sûr c’est impossible donner une réponse claire et officielle à ma question naïve. Comment la collaboration est-elle influencée ? Officiellement pas du tout, mais en pratique probablement à bien des égards.

Iter est construit à partir de pièces fabriquées par les pays membres : UE, Inde, Japon, Chine, Corée, États-Unis et Russie. La Russie est un membre à part entière et ne peut pas être simplement expulsée. Mais personne ne sait comment seront les transports et les voyages à l’avenir.

De nombreux organismes de recherche ont fait des déclarations dures sur la guerre, mais Iter ne peut pas le faire facilement. Faire naviguer un projet comme Iter à travers une crise comme cette guerre est probablement un défi difficile, rendu très personnel en même temps par tous les liens humains.

La situation est similaire à celle de la Station spatiale internationale ISS. C’est une collaboration entre les États-Unis et la Russie, et lorsque d’autres collaborations spatiales seront suspendues, la collaboration ici se poursuivra. Une différence est qu’Iter est relativement méconnu du grand public, alors que l’ISS a les yeux rivés sur elle.

Beaucoup ont été provoqués lorsque Dmitri Rogozine, chef de l’agence spatiale russe Roskosmos, a fait des déclarations drastiques sur Twitter. Il a suggéré que la station spatiale pourrait tomber sur Terre sans eux, puisque la partie russe de l’ISS a les missiles guidés, et les zones où elle pourrait s’écraser ne sont pas couvertes par la Russie. Ceci et des mouvements similaires ont incité l’ancien astronaute Scott Kelly à avoir une querelle sur Twitter jusqu’à ce que Dmitry Rogozin le bloque. Les dirigeants de la NASA ont demandé à Scott Kelly de mettre fin à la querelle car cela rendait la collaboration difficile. Pour un étranger, il ne semble pas non plus que Dmitri Rogozine modèrera les pourparlers diplomatiques. On ne peut que se demander quelles négociations se déroulent en coulisses.

Les cosmonautes russes ont disparu Quelques jours plus tard, la station spatiale en costume jaune avec des détails bleus – les couleurs de l’Ukraine. Il est officiellement démenti qu’il s’agisse de toute forme de commentaire. Quiconque veut peut faire sa propre interprétation.

Personnellement, je veux aussi que la science s’élève au-dessus des contradictions humaines. Bien sûr pas tant qu’il est géré par des humains. Néanmoins, il y a un potentiel utopique dans le fait que des personnes d’horizons différents puissent se rencontrer et travailler ensemble pour un même objectif.

La réalité ne sera jamais parfaite, mais l’idéal est à rechercher. Les scientifiques avec toutes sortes de handicaps s’écoutent lors des conférences. Il n’est pas rare que des rapports scientifiques soient rédigés par des personnes d’institutions situées aux quatre coins du monde. Même lorsque la guerre froide était la plus froide, les scientifiques de l’Est et de l’Ouest ont pu se rencontrer et échanger des idées.

Soit dit en passant, la base même d’Iter est une invention russe. Le réacteur sera d’un type appelé tokamak, un mot télescopique russe pour un terme qui peut être traduit par « chambre toroïdale dans des bobines magnétiques ». Derrière cette construction se trouvait, entre autres, un homme qui a reçu plus tard le prix Nobel de la paix, à savoir le physicien et militant des droits civiques Andrei Sakharov.