Katarina Barrling : La politique française, c’est comme une pièce de Molière – Bonjour tout le monde

De tous les géants littéraires des Français, Molière est le suprême. Il est aux Français ce que Shakespeare est aux Anglais : le plus grand. Molière et Shakespeare sont également similaires à d’autres égards. Par exemple, tous deux ont trouvé que les personnes extérieures à la cour et à l’aristocratie étaient également intéressantes pour la description de la littérature. A l’époque où ils vivaient, ce n’était pas évident. Et autre chose importante : Molière et Shakespeare étaient eux-mêmes acteurs. Ils n’écrivaient pas seulement des pièces – ils a fait Ils maîtrisaient le métier.

Mais bien sûr il y a des différences. Les historiens de la littérature l’ont décrit comme Shakespeare étant un stout anglais fort – Molière est un champagne français mousseux. Mais les bulles élégantes n’ont jamais caché la satire. Et son élevage de l’hypocrisie de l’establishment du XVIIe siècle l’a rendu controversé. Mais il a toujours eu à ses côtés un personnage important : le roi, le Roi Soleil lui-même, Louis XIV, grand admirateur de Molière, ce qui l’a toujours sauvé des incendies que provoquaient ses comédies.

Ce qui rend Molière si intemporellement drôle, c’est sa capacité à voir derrière la façade humaine. C’était un psychologue au talent étrange, et ses types humains universels sont faciles à découvrir même à notre époque, notamment dans le spectacle de la politique. Cela rappelle souvent Molière, comme cette semaine où le nouveau gouvernement français a été dévoilé. La politique française regorge de personnages d’une pièce de Molière.

Le leader radical de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, par exemple : bien écrit et drôle avec une touche satirique. Et théâtral. Les associations vont aux hommes en colère dans la fleur de l’âge qui apparaissent souvent dans l’œuvre de Molière. Constamment en colère. A l’heure actuelle, un Mélenchon en colère estime que la majorité relative derrière le Président du Parlement n’est pas une vraie majorité et que la nouvelle Première ministre Elisabeth Borne n’a donc aucune légitimité démocratique.

Le premier ministre Borne, en revanche, est d’un type complètement différent. Elle est réservée et considérée comme grise, avec un style qui n’impressionne pas toujours les commentateurs français stricts. Mais après son apparition au Parlement cette semaine, elle a gagné le respect. Son ton calme et sa volonté de mettre en avant le compromis politique, relèvent une forme d’art de l’alarme désormais régnante. Borne évoque un autre type de Molière : le sage, le génie, celui qui ne fait pas d’histoires mais sait défaire les nœuds en coulisses.

Et le président lui-même, qui est-il ? Oui, ce n’est pas évident. Il y a une interview de 2017, quelques mois avant que Macron ne soit élu président. Soudain il se met à réciter des Molières misanthrope. Et c’est le rôle du misanthrope lui-même que Macron endosse : Alceste. Alceste est un jeune idéaliste tellement désenchanté par l’environnement superficiel qu’il s’enfonce de plus en plus dans la méfiance à l’égard de l’humanité. Puis, en 2017, Macron semblait bien éloigné du pessimiste Alceste. Il est apparu comme tout sauf misanthrope dans sa croyance en les gens : joyeux et optimiste, et convaincu que les problèmes sont là pour être résolus. Aujourd’hui, il semble plus désabusé. Il est courant de voir à quel point il est frustré lorsque ceux qui l’entourent ne comprennent pas ce qu’il pense lui-même être une évidence. Comme Alceste, il est perçu comme arrogant. Et là où Alceste, dans sa déception, s’est retiré des mouvements sociaux à Paris au XVIIe siècle, Macron a été critiqué pour son retrait des mouvements électoraux dans la France du XXIe siècle. Oui, le président a peut-être vraiment besoin d’un Premier ministre qui comprend l’art de dénouer tranquillement les nœuds humains qui empoisonnent la politique.

Mais revenons au père spirituel du misanthrope, Molière. Sa vie a pris une fin littéralement dramatique. Par une froide journée d’hiver en 1673, il était sur scène comme d’habitude quand il s’est soudainement effondré. Mourant, il a dû être retiré de la scène. Et le rôle qu’il a joué ? Le malade imaginaire. Il est décédé à mi-chemin, à seulement 51 ans. Mais bien sûr, il nous survivra à tous, monsieur Poquelin.

Adelard Thayer

"Praticien dévoué de la culture pop. Créateur indépendant. Pionnier professionnel des médias sociaux."

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