– Les Français n’ont pas l’habitude de se mettre en retrait derrière leur femme. Vous devez le faire si elle est une politicienne.
C’est un jeudi matin pluvieux dans la campagne girondine. Nous nous asseyons dans un café et discutons de l’égalité des sexes en politique avec les militantes et politiciennes locales de Makro Soraya Marchiaro, Véronique Hammerer et Henriette Dufourg-Camous.
Vous parlez d’une réalité politique dans laquelle il est encore difficile d’avancer en tant que femme.
– La France est un pays où les hommes sont très dominants. S’il y a plusieurs hommes dans une pièce, ils se parleront et ignoreront toute femme, surtout si un homme comme moi mesure 158 centimètres… Mais je flippe quand ils tournent le dos ! Ils n’ont alors pas d’autre choix que de durcir la loi, estime Véronique Hammerer, conseillère nationale. Elle-même n’est devenue politique qu’il y a cinq ans et explique qu’il est lent d’amener les femmes en politique.
– C’est compliqué. J’ai organisé une réunion pour les femmes afin d’impliquer davantage de personnes dans la politique. Une soixantaine de personnes sont venues, mais beaucoup d’entre elles ont dit : « Je ne peux pas intervenir, je dois m’occuper des enfants » ou « Je dois penser à mon mari ».
Elle explique que le manque de femmes dans la politique française est dû à deux choses : l’attitude des hommes et l’attitude des femmes.
– Les femmes en général ne se sentent pas suffisamment compétentes et ont besoin d’être soutenues et rassurées sur leur capacité à le faire pour oser assumer une tâche.
Les Français ont obtenu le droit de vote tardivement – 40 ans après les Finlandais et 25 ans après les Suédois. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale, en 1945, que les 33 premières femmes siégèrent à l’Assemblée nationale. Elles représentaient alors près de 6 pour cent des membres, et la proportion de femmes allait fluctuer autour de ce niveau pendant encore 50 ans. Ce n’est qu’en 1997 que la proportion de femmes à l’Assemblée nationale a dépassé la barre des 10 pour cent. Dans le même temps, 40 pour cent des députés suédois étaient des femmes.
Malgré le manque de confiance politique des Franciscains, la faible proportion de femmes politiques n’est pas due à un manque de candidates. Depuis vingt ans, 40 pour cent des candidats à l’Assemblée nationale française sont des femmes, mais ce n’est qu’en 2017 que 40 pour cent des députés étaient des femmes.
L’explication de ce changement est donc que le parti La République En Marche d’Emmanuel Macron comptait au moins presque autant de femmes que d’hommes parmi ses candidats – et a remporté la moitié des sièges.
L’engagement en faveur de l’égalité des sexes se ressent également en politique, selon ses partisans.
– Macron a été un ardent défenseur de l’égalité des sexes en accordant le droit à 25 jours de congé de paternité. Il s’agit d’une question d’égalité entre les femmes et les hommes, affirme avec passion l’enseignante enceinte Soraya Marchiaro et poursuit :
– En France, les femmes ne travaillent pas parce qu’elles restent à la maison et s’occupent des enfants !
Elle n’en croit pas ses oreilles lorsqu’on lui parle du congé parental suédois et des mois pères, et explique que la France a encore un long chemin à parcourir.
Sa collègue Henriette Dufourg-Camous, retraitée et engagée dans la politique locale depuis des décennies, constate en même temps qu’il s’est passé beaucoup de choses et raconte des histoires de l’époque où elle était la seule femme de la commune.
– Par exemple, lorsque je siégeais à la commission du logement et que nous discutions de la proposition de l’architecte pour de nouveaux logements sociaux, j’ai souligné qu’il n’y avait pas de place pour un réfrigérateur et une machine à laver. Ils étaient tout simplement étonnés, ils n’y avaient jamais pensé.
Mais ce n’est pas parce que c’est mieux que Madame Dufourg-Camous est satisfaite.
– Il y a désormais plus de femmes en politique, mais dès que quelque chose d’important est en jeu, ce ne sont plus que des hommes. Même Macron, si attaché à l’égalité, ne s’est entouré d’hommes qu’avant le dernier débat télévisé. Les femmes doivent prendre leur place !
Le pays des Lumières n’a jamais eu de femme présidente
Si vous suivez la politique française, l’absence de femmes est frappante, et c’était une grande nouvelle que Macron ait nommé une femme Premier ministre. Même si la moitié des ministres du gouvernement étaient autrefois des femmes, tous les postes importants étaient occupés par des hommes. Premier ministre, ministre des Finances, ministre de l’Intérieur, ministre de la Justice : au cours des cinq premières années de Macron au pouvoir, ils étaient tous des hommes. A la télévision et à la radio, leurs déclarations sont commentées par des commentateurs experts, pour la plupart des hommes. Le débat politique est dominé par les hommes.
Lors des élections présidentielles de cette année, seuls quatre des douze candidats à la présidentielle étaient des femmes. Certes, les grands partis traditionnels, les Socialistes et les Républicains, ont tous deux voté avec une femme à leur tête. Cependant, lors du décompte des voix, ils avaient obtenu respectivement 1,8 et 4,8 pour cent des voix.
Cependant, une femme a atteint le dernier tour de l’élection présidentielle : Marine Le Pen. Après les élections de 2017, sa défaite a été critiquée pour être trop agressive et peu féminine, et lors de la campagne de cette année, les critiques ont été vives. Elle caressait des animaux mignons, câlinait de jeunes enfants et expliquait ses positions politiques grâce à son expérience « de mère ». Ce n’était pas tout à fait, mais un peu.
Le pays des Lumières n’a jamais eu de femme présidente et il est clair que la France connaît des problèmes culturels majeurs qui empêchent les femmes de participer aux processus de décision dans les mêmes conditions que les hommes.
Toutefois, la « culture machiste » n’est pas la seule explication. La France n’a toujours pas aboli la fiscalité commune ni mis en place une école maternelle pour tous les enfants, réformes qui ont été essentielles pour inclure les femmes dans la prise de décision suédoise. Si les femmes ne travaillent pas parce qu’elles sont à la maison et s’occupent des enfants, comment sont-elles censées mener une carrière politique ? Une société égalitaire a besoin d’hommes qui prennent du recul et de femmes qui ont le temps et l’opportunité de prendre les devants.
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