Titre: À propos du calcul de la portée
Auteur: Solvej Balle
Titre original: Pour calculer le tome 1
Traducteur: Ninni Holmqvist
La météo est absolument centrale dans le roman de Solvej Balle « Sur le calcul de la circonférence ». Semblable aux abondantes chutes de neige dans Le Château de Kafka, la pluie légère crée immédiatement un sentiment de présence physique dans le texte. Un MAINTENANT humide et gris.
Nous sommes le 18 novembre dans la petite ville française où vit la narratrice Tara Selter. Elle a une maison et un mari et travaille dans l’achat et la vente de livres d’occasion. Le tout n’est pas sans rappeler « Le prix de l’eau dans le Finistère » de Bodil Malmsten. Un rêve privilégié d’un magazine féminin francophile. Je vais donc commencer par me défendre un peu.
Mais en haut de la première page du roman se trouve le numéro 121. Nous sommes le 18 novembre pour la cent vingtième fois. Et tous les autres restent en arrière au dix-septième. Le temps est brisé. Tara Selter entend son mari se réveiller, faire pipi et ouvrir l’eau pour le thé. Les mêmes mouvements, routines et sons. Jour après jour.
Il s’agit d’une nouvelle expérience qui devrait être impossible. Combinant l’hyper-quotidien avec le voyage dans le temps et la science-fiction. Mais comme c’est souvent le cas dans la grande littérature, Solvej Balle établit un contact direct avec le lecteur. Je suis surpris de voir à quel point le texte est quotidien et intime. Le bruit d’un réfrigérateur qui s’ouvre, le cliquetis d’une casserole qui atterrit sur la cuisinière. Études sur les nuages. Le livre est livré presque sans fioritures, sauf que le projet lui-même me donne presque le vertige.
Solvej Balle est maintenantavec sa gymnastique cérébrale époustouflante, l’Albert Einstein de la littérature.
« Pionnier de la cuisine. Expert de la culture pop. Passionné de réseaux sociaux. Évangéliste de la musique. »