Récemment, il y a eu une expulsion très médiatisée de l'imam Mahjoub Mahjoubi – un Tunisien de 52 ans qui n'était pas citoyen français et vivait en France depuis près de 40 ans. Dans un extrait de film largement partagé sur les réseaux sociaux, on entend Mahjoubi décrire le « drapeau tricolore » français comme un « drapeau satanique ». Cette déclaration a été perçue comme haineuse à l'égard de la France, même si Mahjoubi lui-même l'a qualifiée de malentendu linguistique.
La décision d’expulsion accuse Mahjoubi de véhiculer « une vision littérale, arriérée, intolérante et violente de l’Islam » dans des sermons répétés. Selon les autorités françaises, il existe un risque de favoriser les discriminations à l'égard des femmes, la haine des juifs et la radicalisation jihadiste. Cela intervient à un moment où la menace terroriste augmente en France.
Quelques jours seulement après l'expulsion record de Mahjoubi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu'un statut spécial serait instauré pour les imams, qui devraient suivre une certaine formation pour pouvoir exercer les fonctions de chefs religieux.
Le fait que la décision soit intervenue si peu de temps après l'exclusion de Mahjoubi était probablement une coïncidence. Il y a trois ans, Emmanuel Macron a chargé le Conseil français du culte musulman de certifier la formation des imams et d'établir des règles dont le non-respect pourrait entraîner la révocation des imams. Mais ces lignes directrices n’ont pas eu l’effet escompté, c’est pourquoi le ministre de l’Intérieur a de nouveau soulevé la question la semaine dernière.
Les nouvelles conditions des imams seront présentées dans leur intégralité dans six mois, ce qui en fera la deuxième réforme en peu de temps en la matière. Depuis le début de l'année, les nouveaux imams étrangers se voient interdire de travailler dans les communautés françaises, un groupe qui représentait auparavant environ un dixième des chefs religieux musulmans du pays.
Il s’agit de « combattre l’idée selon laquelle l’islam est une religion des étrangers, pour les étrangers, financée par les étrangers », a expliqué Gérald Darmanin, soulignant que l’islam est « une religion française comme les autres ».
En raison des nombreux attentats terroristes survenus en France au XXIe siècle, la radicalisation islamiste est un thème récurrent dans le débat français. Les attentats terroristes synchronisés dans différents quartiers de Paris en novembre 2015 sont ceux qui ont fait le plus de morts, avec 130 morts. A cette époque, l’État français élabore un plan national doté de diverses mesures et de dispositifs spécifiques. Outre plusieurs modifications apportées à la loi, comme permettre à la police de procéder plus facilement à des perquisitions à domicile, l'objectif principal est de traquer et d'identifier les terroristes avant qu'ils n'agissent.
L’État français reçoit entre 500 et 600 signalements par mois de personnes présumées radicalisées via la plateforme « Stop au djihadisme ». Cependant, tous ne sont pas considérés comme pertinents. En particulier dans le cadre d'attaques terroristes, le nombre d'appels entrants augmente considérablement, accompagné de quelques représentations imaginatives et offensantes. Mais il existe également un certain nombre de rapports, notamment de la part de membres de familles inquiets, qui circulent.
« Dans ces cas-là, nous examinons tout ce que l'on peut trouver sur Internet, fréquentation de lieux de culte radicalisés, changements de comportement, vestimentaires, etc. Nous prenons en compte la fameuse « Taqqiyya » (cacher sa foi et son identité religieuse pour tromper le public). ennemi, NDLR) et faire la différence entre les gens qui ont une foi un peu plus stricte et ceux qui sont vraiment radicalisés », explique un policier qui a travaillé là-bas pendant quinze ans pour le journal français L'Express.
Surveillance accrue
Ceux classés comme particulièrement dangereux sont surveillés par les services secrets français. Ce fut par exemple le cas du jeune homme qui a assassiné un enseignant dans une école d'Arras, dans le nord de la France, l'automne dernier. Bien que l'homme de 20 ans ait été mis sur écoute et physiquement surveillé, il n'y avait pas suffisamment de soupçons pour l'arrêter avant l'attaque. Cela a déclenché un débat sur le fonctionnement de ce type de surveillance, mais aussi sur le lien entre l'immigration et les crimes terroristes, puisque l'homme était d'origine russe.
Les partis d’extrême droite aiment souligner que l’immigration est responsable de la multiplication des crimes terroristes en France. Cependant, une étude présentée l’année dernière a montré que 81 % des personnes emprisonnées ou reconnues coupables de crimes terroristes islamistes en France sont des citoyens français. La grande majorité des crimes terroristes en France ne sont donc pas liés à l'immigration de ces dernières années, mais au recrutement actif parmi la population musulmane de France – qui trouve souvent ses racines en Tunisie, au Maroc et en Algérie.
Même s'il y a eu un autre attentat terroriste dans le pays rien qu'en décembre, cette fois près de la Tour Eiffel où un jeune touriste allemand a été assassiné, il arrive également toutes les six semaines qu'un attentat soit déjoué. Selon le ministre de l'Intérieur Darmanin, le pays a empêché 43 attaques terroristes islamistes au cours des cinq dernières années et arrêté 1 500 personnes liées à des préparatifs terroristes. Cela est dû à la surveillance accrue des services secrets, qui mettent chaque année 6 500 nouvelles personnes sous surveillance.
L'un de ceux qui ont attiré l'attention des services secrets à travers les rapports reçus est l'imam Mahjoub Mahjoubi, expulsé depuis. Il a fait appel de cette expulsion, mais le tribunal administratif a déclaré lundi qu'il ne pouvait pas rentrer en France. Bien que Mahjoubi ait des enfants mineurs en France, la nécessité de protéger la sécurité du royaume était considérée comme plus importante que son droit à la vie de famille.
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