La raison des pénuries de carburant sont les grèves dans les raffineries de pétrole TotalEnergie et Esso-ExxonMobil. Les travailleurs réclament de meilleures conditions, surtout des salaires plus élevés. Ils disent cela pour deux raisons : le coût de la vie qui monte en flèche – alors que les entreprises pour lesquelles ils travaillent réalisent d’énormes bénéfices. Il est plus cher que jamais de faire le plein de la voiture.
– C’est fou, j’ai fait la queue pendant 45 minutes et je n’arrive même pas à remplir le réservoir à moitié. Toute la famille dépend de la voiture, des écoles des enfants, pour acheter à manger, pour se rendre au travail, raconte Lina Fouquet, qui vient d’atteindre la pompe pour sa ration de gasoil.
C’est surtout le syndicat le plus militant de France, la CGT, qui organise la grève. Le syndicat est considéré comme plus à gauche que la CFDT, plus réformiste et qui a par exemple accepté le bonus de rémunération proposé par TotalEnergie. Pour sa part, la compagnie pétrolière a publié un communiqué, qui n’a cessé de circuler sur les réseaux sociaux, dans lequel elle affirme que ses travailleurs gagnent 5 000 euros par mois, soit environ 50 000 couronnes, en vertu d’un accord.
50 milliards aux actionnaires
La CGT pense qu’il s’agit de chiffres inventés. Que le salaire net des salariés après 20 ans de travail se situe entre 25 000 et 30 000 SEK, que le reste soit des primes ou des indemnités d’heures supplémentaires. Le syndicat exige une augmentation de salaire de 10% pour s’adapter à l’inflation – et aux compagnies pétrolières qui font de gros profits. TotalEnergie vient de distribuer environ 50 milliards de SEK de dividendes en actions et d’effectuer des paiements spéciaux aux investisseurs.
Les négociations avec la CGT ont échoué parce qu’elles n’acceptent que des négociations avec l’augmentation des salaires de 10 % comme point de départ. Les autorités ont vidé les approvisionnements en gaz pour les urgences – la grève a réduit l’approvisionnement total des raffineurs de pétrole de 60 %. Mais maintenant, le gouvernement hausse le ton et dit qu’il pourrait être approprié de forcer les travailleurs à travailler parce que les raffineries de pétrole peuvent être considérées comme socialement importantes.
– L’Etat ne doit pas s’immiscer dans les négociations entre patronat et syndicats, mais sur les besoins fondamentaux des Français. S’ils ne s’entendent pas dans les 24 à 48 heures, nous n’avons d’autre choix que d’agir, a déclaré la Première ministre Élisabeth Borne à l’issue d’une réunion d’urgence pour évoquer la crise.
Chaos dans la file d’attente des chars
A la station-service où Lina Fouquet vient de faire le plein, les voitures klaxonnent et un homme insulte une femme qui met trop de temps pour lui. Dans une autre station-service du sud-est de la France, un homme aurait été poignardé à mort après avoir pris les devants dans la file d’attente d’essence.
– Tout ce que nous demandons, c’est que l’employeur s’ajuste à l’inflation et nous prenne en compte, nous les travailleurs, pour une entreprise qui vient de faire 20 milliards de bénéfices, déclare Fabien Cros de la CGT TotalEnergie au journal Le Monde.
Les autres syndicats des entreprises ne font pas grève parce que la négociation collective est sur le point de commencer.