Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a réussi un coup d’État diplomatique en prenant les devants et en ralliant les dirigeants du monde entier autour d’un sujet aussi brûlant et d’actualité que l’intelligence artificielle. De nos jours, si vous voulez vendre quelque chose, lancez « IA » dans le argumentaire et vous êtes chez vous ! La question est : peut-il l’utiliser pour gagner des électeurs chez lui ?
Le parti conservateur de Rishi Sunak est dans une situation désespérée à l’approche des élections générales de l’année prochaine. Dans chaque interview accordée au AI Safety Summit, il parle de protéger « sa population » contre les risques associés au développement de l’IA. Il a même qualifié l’IA de « menace existentielle », tout comme Elon Musk, qui a honoré le sommet de Sunak de sa présence (Musk était également un favori des selfies parmi les plus hauts responsables politiques).
Alors, qu’est-ce qui est ressorti de la réunion ?
Le plus grand succès est probablement de rassembler autant d’acteurs clés de l’IA autour d’une même table. Surtout, les superpuissances de l’IA, les États-Unis et la Chine. Sinon, ils sont sur le sentier de la guerre en matière de commerce et de technologie. Tous deux craignent que l’autre ne parvienne pas à suivre les évolutions technologiques.
Lors de la conférence de presse finale, Rishi Sunak a déclaré qu’il avait été convenu de créer un groupe international d’experts sur l’intelligence artificielle avec le soutien de l’ONU, qui serait calqué sur le modèle du groupe international d’experts sur le climat du GIEC. Les géants de l’IA présents, tels que Google, OpenAI et Microsoft, se seraient également mis d’accord sur le principe de tester la sécurité des nouveaux modèles d’IA en collaboration avec les autorités avant leur mise en service.
Les 28 pays présents à la réunion, ainsi que l’UE, ont également signé la « Déclaration de Bletchley », qui souligne explicitement les risques d’utilisation abusive de l’IA dans la production d’armes biologiques et chimiques ainsi que de désinformation. Cependant, la signature ne constitue pas un engagement formel de reconnaître ces risques. C’est beaucoup à faire.
Mais il est déjà clair que l’AI Safety Summit continuera d’exister en tant que forum international pour la sécurité de l’IA, le prochain grand sommet ayant lieu en France dans un an. Le président Emmanuel Macron aura alors l’occasion de présenter la France comme un pays IA et lui-même comme un homme politique responsable qui protège sa population des nouvelles menaces.
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