Mais après il y a encore des entretiens individuels – enregistrés – et puis il est au moins aussi généreux dans ses déclarations.
– C’est important pour moi de savoir à qui je m’adresse, explique-t-il.
Il a découvert Macron
Lorsque Dagens ETC l’a rencontré pour la dernière fois, il était avec le livre « Les leçons du pouvoir » les leçons du pouvoir. Mais il ne semblait pas disposé à se critiquer lui-même – soulignant plutôt tout ce qu’il avait bien fait, se vautrant dans des circonstances indépendantes de sa volonté, et son successeur, Emmanuel Macron, avec une sorte d’« attente ». Il suffit de « dominer ». Macron : le jeune et brillant économiste qu’il a lui-même découvert et recruté, d’abord comme conseiller puis comme ministre des Finances dans son gouvernement socialiste. Le livre est sorti en 2018, un an seulement après que la jeune étoile montante ait exploité le vide autour de Hollande, un président qui ne briguait pas un second mandat.
Macron était réticent à annoncer sa propre candidature et a été accusé d’avoir utilisé sa position de ministre des Finances pour relancer la campagne électorale lors de ses tournées à travers le pays et la république pour diverses nominations ministérielles. Mais finalement, Macron a démissionné, s’est levé ouvertement et a été élu président français avec une politique « ni de gauche ni de droite ».
– La politique soit/soit ne fonctionne pas. Finalement, il faut faire un choix, et c’est ce qui s’est passé, le président actuel a choisi la bonne voie, dit François Hollande à Dagens ETC.
« Un réformisme fort et combatif »
Il reste un social-démocrate convaincu et critique ouvertement ce qu’il considère comme la politique de droite de Macron. Mais il admet désormais qu’il a lui-même joué un rôle dans ce qui, selon lui, a conduit au virage à droite de la politique française.
– On dit que la gauche française est morte, ce n’est pas vrai, la gauche française est au moins aussi forte que jamais. Plus fort que depuis longtemps. Ses électeurs ont voté pour Mélenchon, certains pour Hidalgo et beaucoup pour Macron, dans un sentiment de sans-abri. Il y avait une partie du Parti socialiste qui ne représentait plus la gauche, et c’est là que j’en prends la responsabilité, au moins en partie, dit François Hollande.
Avec Macron comme ministre des Finances et la droite anti-immigration Manuel Valls comme Premier ministre, c’est essentiellement François Hollande lui-même qui a initié la voie libérale de droite que la France emprunte aujourd’hui sous la bannière du Parti socialiste. C’est donc une analyse que François Hollande partage en partie aujourd’hui, contrairement à 2018.
– Mais la gauche social-démocrate française est forte. Il suffit de regarder ce qui se passe autour des retraites. C’est la première fois que même les syndicats réformistes sont derrière les grèves. Il fait preuve d’un réformisme fort et combatif qui diffère nettement des Gilets jaunes, qui pourraient facilement être qualifiés de radicaux, même si cela n’a certainement pas toujours été le cas.
Il fait notamment référence au syndicat CFDT, qui s’oppose désormais aux réformes des retraites du gouvernement actuel, qui incluent le relèvement de l’âge général de la retraite de 62 à 64 ans. La CFDT a tendance à lutter plus longtemps et est plus ouverte au dialogue que, par exemple, le syndicat le plus combatif de France, la CGT. Cette fois, fait inhabituel, les huit principaux syndicats se sont unis contre la politique de Macron.
« Des temps dangereux »
– Les Français veulent des réformes. C’est la preuve que la gauche française est bien vivante. Cependant, le fait que la gauche ne dispose pas d’une représentation adéquate et forte constitue un problème démocratique. Ni l’un ni l’autre ne fonctionne, il faut une gauche et une droite claires. Si le Parti socialiste ne peut pas être relancé, il doit y avoir un nouveau parti.
François Hollande sourit et hausse les épaules lorsque Dagens ETC lui demande s’il aimerait faire lui-même partie de cette nouvelle alternative de gauche. Peut-être en tant que leader ? L’avenir nous le dira, dit-il.
– Mais nous vivons actuellement une époque dangereuse et il est important que nos démocraties européennes protègent nos systèmes. Promouvoir la démocratie nécessite de la clarté auprès des électeurs, dit-il.
François Hollande est conscient que le conflit en Ukraine n’est pas né de rien il y a un an. Avec Angela Merkel, il a négocié le fragile accord de Minsk, signé en Biélorussie en 2015. L’accord a été négocié par l’Allemagne et la France et convenu entre la Russie et l’Ukraine en tant qu’hôtes de la Biélorussie. Cela signifiait, entre autres choses, un cessez-le-feu et garantirait l’autonomie des régions de Donetsk et de Louhansk au sein de l’Ukraine. Aucun point de l’accord n’a été respecté.
– Comme le dit Angela Merkel, l’Ukraine avait besoin de temps. Je ne regrette pas que nous ayons tenté une médiation.
« Poutine est un menteur »
François Hollande est à nouveau d’actualité avec un livre – Bouleversements – dans lequel il écrit beaucoup sur l’Ukraine, Vladimir Poutine, ce qui a conduit ici et ce que cela signifie pour l’Europe et la France.
– Au moment où j’écris, la chose la plus importante que nous devons apprendre sur Vladimir Poutine est qu’il est un menteur. Il ne ment pas de petits mensonges, il invente les plus gros mensonges. Il dit un instant qu’il veut trouver une solution, mais ensuite il fait le contraire. Dans la relation avec Poutine, c’est dur contre dur, estime François Hollande.
Il estime que non seulement lui-même, mais aussi Macron, ont dû l’apprendre à leurs dépens.
– Je connais très bien la Suède et la Finlande, ce sont deux pays que j’admire. Il doit être troublant de passer de la neutralité à l’appartenance à une alliance défensive, mais nous vivons tous aujourd’hui dans un monde différent. Nous sommes tous profondément secoués. La Suède et la Finlande font ce qu’il faut. La Turquie doit désormais intervenir et choisir son camp. Erdogan ne peut pas faire partie de l’OTAN tout en étant amical envers nos ennemis. Là aussi, au sein de l’OTAN, il faut être dur contre dur, dit François Hollande.
Quels sont vos futurs projets politiques ?
– Je pense que mon expérience peut être utile pour la France et l’Europe. L’avenir nous dira où elle mène, mais la gauche française doit se retrouver et j’espère pouvoir l’aider, dit François Hollande.
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