Deux mois seulement après avoir été réélu à la présidence de la France, Emmanuel Macron a subi une grave défaite politique lors des élections législatives françaises de dimanche.
Avec 100 députés de moins, le président français Emmanuel Macron a perdu sa majorité absolue à la législature du pays par une large marge. Le résultat est l’un des pires pour un président français en exercice depuis longtemps – aucun président n’a manqué de majorité absolue au parlement depuis les années 1980 – et cela nuira aux chances de Macron de mettre en œuvre les politiques pour lesquelles il a été réélu au parlement en l’élection présidentielle d’avril.
Au lieu de pouvoir faire adopter de nouvelles lois avec sa propre majorité, comme lors de son premier mandat, le président devra désormais rechercher la coopération et des compromis avec les autres partis.
Les gagnants de l’élection étaient les bords extérieurs; la coalition de gauche – composée du parti de gauche France indisciplinée, du parti socialiste, des Verts et du parti communiste – qui est devenue la deuxième faction politique, mais aussi, dans une très large mesure, la droite nationaliste et l’Assemblée nationale alignée sur la Russie, qui a décuplé le nombre de députés.
Gilles Ivaldi, politologue français, prévient que le mandat de cinq ans qui s’apprête à débuter sera très compliqué.
– La polarisation qui sort des urnes forme trois camps qui s’affrontent et s’opposent en tout. L’Europe, l’économie, l’immigration, la sécurité – ils ne sont d’accord sur rien, dit-il dans le quotidien libéral indépendant suisse Le Temps.
« Plus anti-Parlement européen que jamais »
L’affaiblissement du rôle interne de Macron est susceptible d’avoir des conséquences au sein de l’UE également – sur lesquelles les médias au profil libéral indépendant écrivent en particulier.
Le quotidien belge politiquement non partisan La Libre Belgique, qui se profile comme libéral-conservateur écrit que c’est un triste jour pour l’Europe.
– La France de Macron aurait joué un rôle de premier plan dans la situation géostratégique actuelle, aux côtés de l’Allemagne, pour relever les défis gigantesques que l’invasion de l’Ukraine par la Russie pose aux Européens, tels que la sécurité et la transition énergétique. Voilà un président paralysé avant même d’avoir eu le temps de se lancer, écrit l’éditorialiste François Mathieu.
Son concurrent, le libéral indépendant Le Soir, écrit que le résultat est inquiétant pour l’Europe.
– On se demande, bien sûr, comment la France survivra aux grandes crises du présent – la guerre en Ukraine, le plan de relance économique, la crise environnementale – avec un parlement aussi divisé et jamais aussi anti-européen, écrit le rédacteur en chef Christophe Berti, constatant que l’unique puissance nucléaire d’Europe est fragilisée par une France qui se réveille et ingouvernable.
« La position de la France en Europe très incertaine »
Aussi le journal du centre indépendant Poste de Washington voit le résultat comme un coup politique porté à Emmanuel Macron, « qui pourrait compliquer son leadership à un moment où l’Europe est confrontée aux défis profonds déclenchés par la guerre en Ukraine ».
– Bien que les présidents français aient plus de pouvoir sur la politique étrangère et d’autres domaines que leurs homologues de nombreux autres pays européens, il s’appuie toujours sur la chambre basse du parlement pour bon nombre de ses projets les plus importants, écrit le journal.
C’est un scénario « complètement inédit dans la tradition politique et institutionnelle du régime présidentiel français, qui met tout en péril : les réformes libérales, mais aussi la position internationale de la France sur l’Europe et sur la guerre en Ukraine », note le centre-droit italien-Parti festin. journal La Stampa.
« La position européenne et internationale de la France devient de plus en plus incertaine. »
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