Une France inquiète : « Dans le pire des cas, je peux quitter le pays »

Historiquement, la politique française a été dominée par une gauche et une droite. Mais depuis plus d’une décennie, le nationalisme et l’extrémisme de droite gagnent du terrain et les clivages politiques se creusent. La Situation a parlé à deux étudiants français, Benjamin et Valentin, de leurs sentiments avant l’élection. Benjamin a 19 ans et étudie les sciences urbaines. Valentin, 23 ans, étudie le journalisme à Paris.

– Je pense qu’il y a une atmosphère étrange dans les rues. Beaucoup, dont moi-même, sont inquiets. C’est tendu et on a l’impression qu’il y a beaucoup en jeu, dit Benjamin.

Il dit que le pays s’est senti chaotique ces dernières années, ce qui, selon lui, pourrait affecter les élections. D’abord avec les manifestations des gilets jaunes, puis la pandémie et maintenant la guerre en Ukraine. Benjamin pense que beaucoup sont mécontents à la fois du président sortant et des candidats à la présidentielle. Il a le sentiment que le peuple français ne se sent pas représenté par les politiciens.

– Je pense que beaucoup de gens se demandent si cette élection vaut même la peine de voter, dit Benjamin.

Valentin, 23 ans, convient que le pays est tendu. Il pense que cela est dû à la montée de l’extrémisme et de la polarisation.

tu te sens perdu

– On a l’impression que tous les candidats, qu’ils soient de droite ou de gauche, ont des opinions extrêmes. On s’y sent perdu, dit Valentin

Valentin évoque la plupart des scénarios qui le troublent. Si Macron gagne, il craint une nouvelle vague de manifestations de gilets jaunes. Quelque chose, selon lui, divisera davantage le pays. Si le candidat de gauche Melanchon l’emporte, Valentin craint que la France ne quitte l’UE.

Il est surtout préoccupé par les candidats d’extrême droite. Au début, c’était Eric Zemmour qui était la plus grande peur de Valentin, mais il ne croit plus que Zemmour ait une chance de gagner l’élection. Le Pen, en revanche, qui n’est qu’à quelques pour cent derrière Macron à la deuxième place, l’inquiète beaucoup. Ce n’est pas une peur que sa propre vie s’aggrave, mais une inquiétude pour la France toute entière.

Dans le pire des cas, je peux quitter le pays

– J’ai de la chance, j’étudie et j’ai vécu deux fois à l’étranger. Je ne veux pas, mais dans le pire des cas, je peux quitter le pays. Quelque chose que tout le monde ne peut pas faire, dit Valentin.

Il continue.

– La France a un pouvoir très doux sur l’Europe. Aujourd’hui, nous sommes un pays moderne qui défend les droits humains fondamentaux, mais je pense que cela peut changer d’un jour à l’autre. Le Pen peut tout gâcher, dit Valentin.

Benjamin, 19 ans, ne s’inquiète pas pour Le Pen.

– Je ne la prends pas au sérieux. Je pense qu’elle ira au second tour mais ne gagnera pas, confie Benjamin.

Pour lui, c’est Zemmour qui s’inquiète.

La France remonte le temps

– Ses idées sont trop extrêmes pour mon pays. Les opinions sont basées sur la haine et on a l’impression que la France recule dans le temps, dit Benjamin.

Il a peur qu’avec un leader comme Zemmour, la haine ne grandisse entre les gens. Que la diversité de la France en termes d’origine, de religion et d’orientation sexuelle sera détruite.

Benjamin conclut avec une expression de désespoir face à la situation.

– Peu importe qui gagne, je ne me sentirai pas représenté. C’est comme si les politiciens voyaient une France très différente de celle de mes amis et moi.

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Adelard Thayer

"Praticien dévoué de la culture pop. Créateur indépendant. Pionnier professionnel des médias sociaux."

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