Habituellement, une élection signifie voter pour celui que vous pensez être le meilleur. Mais l’élection présidentielle française s’est transformée en une sorte d’anti-élection. En l’absence d’un candidat qu’ils jugent bon, on s’attend plutôt à ce que beaucoup votent pour celui qu’ils pensent être le moins mauvais. Vous votez pour Macron pour arrêter Le Pen, ou vous votez pour Le Pen pour arrêter Macron.
Seulement la moitié de ceux qui veulent Macron à bord pensent qu’il fera un bon président. Les autres qui votent pour lui ne veulent qu’empêcher un nationaliste de droite de prendre le pouvoir dans le pays. Il ne gagnera pas avec l’aide des seules voix du cœur. En fait, beaucoup de Français ont plutôt envie de lui imposer un vote obligatoire.
Situation similaire à il y a 20 ans
Il y a de fortes similitudes avec la situation il y a exactement 20 ans, lorsque le père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, affrontait Jacques Chirac au dernier tour de l’élection présidentielle. De larges pans de la gauche se sont alors rangés du côté du candidat de centre-droit Chirac pour bloquer le père Le Pen et son parti xénophobe le Front national. Un soi-disant front républicain a été fermé entre les grands partis pour empêcher la frange extérieure d’accéder au pouvoir.
Certes, l’idée d’un front républicain perdure. Mais c’est beaucoup plus faible 20 ans plus tard. D’une part, de nombreux électeurs ne vivent plus Le Pen aussi extrême et certainement pas aussi effrayant que leur père. D’un côté, la déception de nombreux électeurs de gauche après cinq ans avec le président Macron est telle que beaucoup préfèrent s’abstenir ou voter blanc.
Macron devra commencer en montée
Si Macron remporte le favori avec l’aide du mandataire avant les votes du cœur, c’est un président vulnérable qui doit repartir en montée. Une colline dont les trottoirs risquent d’être bordés de violentes protestations et de cris contre des décisions impopulaires. Il s’agit d’une continuation des protestations ressenties par Macron il y a quelques années lorsque le pays a été temporairement paralysé par les gilets jaunes.
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