Les migrants suédophones à Paris

La Suède les expulse. La France accorde l’asile. Un gaspillage de ressources humaines.

– Ma tente était ici, je pense. Je suis resté ici pendant trois semaines.

Alireza se promène dans un petit parc du centre de Paris, avec seulement une rampe de pont le séparant de l’autoroute rugissante à trois voies en contrebas.

– Je suis venu ici d’Uppsala. Uppsala est une très belle ville. J’ai été choqué, surpris et… déçu en fait.

Le sol est recouvert par endroits de terre sèche et d’herbe, et pendant les trois semaines où Alireza a dormi ici, les tentes étaient rapprochées les unes des autres. Il fait partie des nombreux jeunes adultes qui ont déménagé en France après avoir été rejetés par l’agence suédoise des migrations. Tout le monde parle suédois.

Une nouvelle websérie, VandelIl suit quelques-uns de ces gars dans le premier épisode… Les migrants suédophones à Paris. Le film est accompagné de pièces pour piano qui véhiculent un sentiment parisien romantique. Contrairement aux histoires de jeunes hommes sur la façon dont leurs rêves ont été brisés en Suède.

Le film montre à quel point leurs vies sont différentes, mais comment ils font tous le même voyage depuis la Suède.

Le réalisateur Emilio Di Stefano me raconte avoir lu dans d’autres médias à propos de ce groupe de demandeurs d’asile qui parlent suédois :

– Je voulais présenter sa situation de son propre point de vue. Qu’est-ce que cela fait à une personne d’être dans ce genre de déracinement ? Qu’est-ce que ça fait de tout mettre en pièces et de devoir recommencer ?

La plupart sont des jeunes hommes venus d’Afghanistan en Suède. Alireza le décrit ainsi :

– Tu vas au lycée, tu as ta vie normale. Mais il existe un processus parallèle. Et c’est le problème avec l’Agence suédoise des migrations. C’est ce cauchemar qui marche à côté de toi.

Omid rêve de devenir architecte et vit dans un abri sale à Paris où des cafards courent par terre. Il dit dans le film :

– J’ai des amis en Suède, j’ai construit ma vie en Suède. Je suis allé à l’école, j’ai appris la langue, j’ai fait tout ce que je pouvais. Combien de temps me faudra-t-il avant de pouvoir construire une vie comme en Suède ?

Dans les rues de Paris, sous les ponts du métro, des gens vivent sans abri. A la gare de Stalingrad, matelas, sacs de couchage et cartons gisent par terre devant une clôture. Mostafa montre du doigt un matelas épais sur l’asphalte :

– C’est mon lit! Et nous dormons tous les deux dessus.

Après quelques semaines, les autorités peuvent organiser une place dans un refuge d’urgence. Le film montre à quel point leurs vies sont différentes, mais comment ils font tous le même voyage depuis la Suède. Comment les garçons font face à la réalité brutale dans laquelle ils se trouvent. Les organisations humanitaires estiment qu’environ 5 000 demandeurs d’asile à Paris viennent de Suède, selon le film.

Je suis toujours impressionné par leur niveau suédois. Mostafa dit :

– La police a montré mon sac et a trouvé du tabac. Ils ont demandé : « Qu’est-ce que c’est ? » J’ai répondu : « C’est du tabac à priser. »

La police ne savait pas de quoi il s’agissait et a confisqué le tabac. Six protocoles au total. Je ne pense pas que quiconque au monde aurait préféré apporter du tabac à priser.

Ghulam est responsable d’une association de football afghane suédophone. Ils ont aussi un club de course à pied. La vie des clubs suédois se reflète désormais également à Paris. Mokhtar était sur le point de devenir une star suédoise du cricket à Göteborg, dit-il dans le film, mais il joue désormais pour l’équipe nationale de France.

Mais la question n’est pas vraiment de savoir dans quelle mesure les gars parlent suédois ou à quel point ils sont dévoués. Sans que la Suède décide d’expulser des personnes alors qu’elles ont des raisons de demander l’asile. Si la France leur accorde un titre de séjour. Qu’est ce qui ne s’est pas bien passé?

Cela fait deux ans que les États-Unis ont rendu le pouvoir aux talibans en Afghanistan. Autrefois, c’était un pays dangereux, mais aujourd’hui la situation est pire. Parce que la plupart des jeunes non accompagnés appartiennent à la minorité Hazara, ils sont encore plus menacés en Afghanistan. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme soulignent que les talibans persécute systématiquement ce groupe ethniqueet mener des attaques ciblées en fonction de leur appartenance ethnique.

Néanmoins, l’autorité suédoise des migrations rejette les demandes d’asile de ces Afghans en Suède. Cela fait de la France le seul choix. Parce que la Suède ne veut pas leur offrir une procédure d’asile juridiquement sûre.

Ella Stark est psychologue à Paris et rencontre de nombreux demandeurs d’asile suédois dans son travail. Elle dit:

– Je pense que c’est une terrible perte de vie humaine. Quel terrible gaspillage. Vous ne pouvez être que furieux.

Le film ne montre qu’une sélection de plusieurs milliers de jeunes qui ont quitté la Suède pour la France. Ce ne sont pas seulement des chiffres, mais de vraies personnes avec leur propre vie et leurs propres rêves. C’est pourquoi nous devons prendre cela très au sérieux. Tu mérites mieux.

Adelard Thayer

"Praticien dévoué de la culture pop. Créateur indépendant. Pionnier professionnel des médias sociaux."

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *